LE BRONZE, Trésors et commerce
LE BRONZE
Trésors et Commerce
Du Zaïre ( le Congo Démocratique ) à la côte d’Afrique occidentale, la ceinture de la forêt équatoriale s’étire sur près de cinq mille kilomètres. C’est de cette région que proviennent quelques-uns des bijoux les plus précieux et les plus finement travaillés – ivoire sculpté, bronze coulé, ornements de perles d’or et de verre – que l’on puisse trouver sur le continent africain.
Autrefois, les habitants des forêts tiraient du commerce toute leur richesse et la diversité de leurs bijoux. On acheminait l’or, l’ivoire et les esclaves vers le nord, en empruntant les routes commerciales du Sahara – et plus tard, en grandes quantités, par bateaux qui longeaient la côte occidentale – pour les échanger contre des perles de verre, du cuivre, du laiton et du corail apportés par des navires marchants portugais. Dès le début du XV ème siècle, les Portugais avaient inauguré ce négoce. Ils furent rejoints au cours du siècle suivant par les Hollandais, les Anglais et les Français.
Les marchands européens eurent la surprise de découvrir en Afrique occidentale un certain nombre de royaumes prospères dont les souverains et les chefs étaient considérés comme des créatures divines et exerçaient un pouvoir absolu sur leurs congénères. Leurs bijoux reflétaient leur position élevée ; on leur prêtait une puissance surnaturelle et les gens ordinaires n’avaient pas le droit d’en porter. Ils jouaient en outre un rôle important dans les cérémonies rituelles. Les rois protégeaient des artisans habiles, fondeurs et forgerons, que l’on traitait avec le plus grand respect.
Différents tribus, souvent isolées les unes des autres par une jungle impénétrable, ont mis au point leur style caractéristique de bijouterie. Chez les Ibos du Nigeria, l’aisance matérielle déterminait le rang social. Si les attributs de l’Oba (le souverain divin) étaient principalement constitués d’ivoire, ses chefs resplendissaient sous les ornements de bronze. Selon l’anecdote locale, le moulage du bronze à la cire perdue aurait été introduit au Bénin au XIII ème siècle, après que l’Oba du moment eut invité un forgeron Yoruba, du vieux royaume d’Ifé, à venir enseigner cette technique au palais.
Mais on sait aujourd’hui qu’elle est née au Moyen – Orient et qu’elle a gagné l’Afrique occidentale, par l’intermédiaire des voies commerciales du Sahara, dès le IX ème siècle.
Le Bénin devint un centre réputé pour le moulage du bronze ; l’usage de cet alliage était cependant fonction des seules décisions de l’Oba, et l’équipe des fondeurs faisait partie de sa maison royale. Le palais décoré de bustes, de sculptures et bas – reliefs, incarna l’un des plus beaux fleurons de l’architecture africaine. Avec le déclin de l’empire Bénin, à partir du XVII ème siècle, le laiton venu d’Europe afflua sur la côte occidentale en quantités croissantes, pour être vendu à l’intérieur des terres. La fonte à cire perdue s’étendit à l’est au Cameroun et à l’ouest jusqu’en Guinée, le long de l’Atlantique.
Le laiton, ou cuivre jaune, fut d’abord fourni par les Portugais sous forme de barres en fer à cheval appelées manillas; Les Anglais et les Hollandais, au XVII ème siècle, le vendirent en petits lingots; dans certaines régions il apparut aussi sous l’aspect de coupes nommées « Neptunes ». Au Zaïre et au Gabon, les lingots et les coupes obtenus en échange de esclaves, de l’ivoire et du caoutchouc en provenance des forêts étaient soit fondus pour être transformés en bijoux, soit conservés dans leurs forme originale pour servir de monnaies ou de récipients.
A l’ouest, les Dan et leur voisins des frontières de la Côte d’Ivoire et du nord est du Liberia appliquèrent la technique de la fonte à cire perdue au moulage de lourds bracelets de bronze qui, fixés aux chevilles des femmes, devinrent un élément de leur dot…
Les anciens colliers et bracelets ou torques de bronze étaient traditionnellement associés à la richesse et au prestige. On fabriquait ces bijoux selon la technique de la fonte à la cire perdue. Un chef pouvait en offrir à l’un de ces hommes afin de récompenser son courage, les membres du conseil s’en paraient quand quand ils devaient se réunir pour prendre d’importantes décisions.
D’abord portés par les personnages puissants, les colliers devinrent peu à peu une monnaie d’échange et permirent d’acquérir des femmes, du bétail, de la nourriture ou de payer divers services et amendes…